mercredi 23 octobre 2019

Grèce partie 2

Nous nous sommes reposé deux jours à Patras. Nous en avons aussi profité pour faire un changement d'huile au concessionaire Yamaha non loin de notre hotel.

À notre départ nous sommes embarqué à nouveau sur la TET. Le tracé nous a mené au sommet de la montagne qui serre la ville de Patras contre la mer. Des sentiers rocailleux nous ont mené vers un superbe point de vue sur la ville. Au sommet seul un berger et ses moutons peuplait l'endroit. Incroyable de trouver un endroit aussi isolé alors que tout juste un bas se trouve une grande ville grouillant de l'activité de centaines de milliers d'humains.

Les sentiers ont poursuivi à travers les sommets. Nous avons recommencé à voir quelques habitations et éventuellement un village assez grand pour abriter un restaurant. Nous nous sommes attablé et après quelques difficulté de language nous avons réussi à commander un repas sans vraiment savoir ce que nous avions commandé.

Dominic était assis à table avec le regard vide. Il avait l'air complètement défait. Les deux jours de repos à Patras n'avait pas suffit à recharger ses batteries. Les douleurs constantes qu'il doit endurer l'empêche d'avoir des nuits réparatrices et cette fatigue s'accumule, maintenant depuis plus d'un mois. Nous avions également un retard assez important sur notre horaire, ce qui commençait à m'inquiéter.

J'ai analyser les cartes, notre itinéraire et le calendrier. Une décision s'imposait: il fallait couper. De plus, nous étions à l'endroit parfait pour prendre un raccourci. Nous avons donc redescendu les montagnes et avons rejoint la mer à nouveau. Après environ soixante kilomètres le long de la côte nous avons rejoint le tracé à nouveau, dans la ville de Corinthe. Ce petit détour nous avait fait gagné plusieurs jours. Nous étions maintenant en meilleur position pour conserver un rythme susceptible de ménager Dominic un petit peu.

Nous avons trouvé un bel hotel à Corinthe, mais la nuit fût malheureusement peu reposante. Vers minuit je me suis réveillé dans la nuit avec des démangeaisons. Je pensais que c'était comme à l'habitude des moustiques, maid lorsque je me suis vu dans le mirroir j'ai reconnu les signes de l'ennemi numéro un des voyageurs: des punaises de lit. J'ai allumé la lumière et réveillé Dominic. J'ai relevé les draps et j'ai vu les sales bestioles. Nous avons soulevé les matelas, il y en avait partout. Nous avons appelé le propriétaire et il nous a placé dans une nouvelle chambre. Nous avons inspecté tout notre équipement pour s'assurer de ne pas en ramener avec nous et sommes retourné nous coucher vers deux heures du matin.

Nous avons pris un excellent déjeuner bien arrosé de café sur la belle terrasse de l'hotel. Cet hotel était très bien et la présence de punaises de lit ne veut rien dire sur la propreté ou la qualité d'un établissement. Ceci dit, il n'était pas question de payer le plein prix après une telle expérience. Le propriétaire s'est essayé à nous offrir la chambre à 40 euros au lieu de 50, mais il a vite accepté notre offre de vingt euros, et ce pour le déjeuner seulement,  lorsque j'ai commencé à lui expliquer que nous avions choisi son hotel parce qu'il avait de bonnes critiques en ligne. Message sous-entendu: tu n'as pas intérêt à ce que nous quittions ton établissement mécontent, en tout cas pas pour vingt euros.

La ville de Corinthe est un site touristique populaire en raison de ses ruines: un site au pied d'une montagne et des fortifications au sommet de cette montagne que nous avons toutes deux visité. Nous avons aussi passé par le canal de Corinthe, le temps de quelques photos.

Le tracé a d'abord suivi le bord de mer avant de nous envoyer à nouveau dans les montagnes. Nous avons roulé une bonne partie de l'après-midi sur des sentiers plutôt roulants. Nous en sommes ressorti pour retrouver un peu de civilisation vers la fin de l'après-midi. Il commençait à se faire tard et il nous restait une petite section de sentiers à parcourir avant de trouver un peu d'asphalte vers notre hotel prévu pour cette journée-là.

Les sentiers nous ont d'abord mené à travers un mélange de terres agricoles et de ce qui semblait être des terrains vagues jonché de déchets. Nous sommes ensuite monté dans de petites montagnes avant de retrouver un peu de bitume pour rejoindre une dernière section de sentiers. À peine embarqué sur ces derniers nous avons dû arrêté. Les sentiers étaient complètement détruits. La pluie avait emporté tout le sentier, qui n'était maintenant qu'une grande crevasse. Aucun moyen de contourner, toute la terre exposée avait été emporté, seules les arbres et une dense végetation bordaient le sentier.

Nous avons pris un petit détour sur l'asphalte. Nous nous sommes arrêté souper en chemin et avons trouvé notre hotel pendant que tombait la noirceur.

Durant la nuit je me suis réveillé avec une piqûre sur le bras. Ce n'est pas une punaise de lit, que j'me suis dit, avant de me recoucher.

Une journée où se mélageait asphalte et sentiers en montagne nous mena le lendemain à Delphi, une ville touristique en raison de ses ruines, que nous n'avons pas visité. La petite ville s'accroche à flanc de montagne et ses terrasses avec une vue imprenable valait à elles seules le déplacement. Nous y avons passé la nuit.

De Delphi les sentiers nous menaient vers les sommets. Nous avons eu beaucoup de plaisir à naviguer ces sentiers à travers les vallées, en forêt et à flanc de montagne. C'était roulant, rapide et la ciel était radieu.

Nous sommes descendu des montagnes et avons retrouvé la route asphalté. On s'est arrêté quelques instants et au moment de repartir, la moto de Dominic ne voulait plus partir, comme si la batterie était morte, étrange. Il est parti sur la compression et nous avons continué en se disant que nous allions investiguer au prochain village. En chemin son moteur s'est arrété et il a dû repartir sur la compression, non sans devoir pousser sa moto jusqu'à la prochaine côte descendante. Nous avons trouvé un restaurant et avons trop mangé (comme d'habitude). Dès le repas terminé, Dominic est allé travailler sur sa moto. Finalement il ne s'agissait que d'une mauvaise connexion à la batterie. On est reparti.

Le reste du chemin, que de l'asphalte, nous a mené vers la mer, plus précisement le golf maliaque, dans lequel se verse la mer Égée. On s'est arrêté dans une autre petite ville oublié des dieux. Notre hotel était ceci dit, fort sympa, à l'image de notre hôte. Je suis allé faire un petit tour sur le bord de mer, un autre épisode de walking dead, tout semble abandonné et rien d'entretenu depuis des années.

Notre hôte nous avait indiqué un bel endroit en bord de mer où s'arrêter, non loin du tracé de la TET. Nous allions enfin voir la mer Égée. Quelques dizaines de kilomètres d'asphalte plus tard nous avons gagné des sentiers en bord de mer. C'était fantastique. Le ciel était bleu et sans nuage. Les sentiers roulants, mais aussi excitant.

Nous approchions de notre destination, lorsque les sentiers devinrent plus difficiles. De deux tracks roulants on arriva sur de véritable sentiers de chèvres qui devenaient de plus en plus à pic. Je crois bien qu'il s'agissait des sentiers les plus à pic que j'ai jamais navigué. Je devais m'avancer au point où j'avais presque le GPS dans l'entre-jambe. Le tout parsemé de crevasses et gros cailloux.

Rendu au sommet Dominic décela une forte odeur de brûlé. La réparation de fortune effectué pour éloigné ses sacoches de son silencieux avait lâché. Le silencieux était en train de faire fondre une de ses sacoche. Nous avons glissé quelques canettes écrasées ramassées au sol (le seul avantage de rouler dans un pays jonché de poubelles) et nous sommes reparti vers notre destination, qui était heureusement tout proche.

Nous sommes descendu des montagnes par de petites routes en lacets, en négoçiant des virages en épingle à ne plus finir. Nous avons finalement atteint notre destination, Agios Ioannis, un petit village en bord de mer, un petit paradis pour touriste. Vu qu'on était en basse saison le village était désert. Ceci dit, il faisait beau et la mer Égée était magnifique, d'un bleu pâle sur les plages de sable blanc.

Nous avons trouvé l'hotel que j'avais selectionné la veille. Son propriétaire nous expliqua qu'il fermait le lendemain, qu'il pouvait nous offrir le gîte que pour une nuit. Nous avions bespin de repos et l'endroit semblait rêvé. J'ai négocié avec le propriétaire et nous avons convenu de rester deux nuits, une première avec la véritable expérience et la deuxième dans un hotel en fermeture. Après tout, nous n'avions besoin que d'une chambre et un espace pour travailler sur la moto de Dominic. Le tout négocié à un prix moindre, bien sûr.

Nos deux jours de repos en bord de mer nous firent le plus grand bien. Pour réparer sa moto Dominic a déniché un morceau de métal en fouillant dans les poubelles du coin et un des employés de l'hotel lui a taillé le morceau dans la forme voulue. La réparation tiendra définitivement jusqu'à la fin cette fois-ci.

Nous en avons aussi profiter pour passer notre linge à l'eau bouillante. Quelques punaises de lit ayant décidé de voyager avec nous. Ce traitement choc aura été très efficaces.

Pour les deux jours suivant nous nous sommes approché du Mont Olympe. Des sentiers roulants mais aussi des plus difficiles ont remplis nos journées. Toujours sous un soleil radieu, nous avons découvert des paysages magnifiques.

Après une nuit passé sur le flanc du mont Olympe nous avons poursuivi notre chemin autour de son sommet pour ce quj fût une autre journée épique de moto aventure. Plusieurs sentiers étaient plutôt technique, mais avec un niveau de difficulté qui nous permettait d'avancer à un rythme acceptable. Encore une fois, les paysage étaient à couper le souffle.

Nous sommes redescendu proche du niveau de la mer pour passer la nuit dans la petite ville de Veria, avant de poursuivre vers notre dernière section en Grèce, en région de la Macédoine.

Pour notre première journée en Macédoine, le tracé nous a mené sur des sentiers en bordure de terrain agricole, mais aussi a travers plusieurs terrain vagues jonché de déchets. De loin la pire journée en terme de paysage. Après le dîner nous sommes remonté vers le nord et avons retrouvé les montagnes, laissant derrière nous la décrepitude des basses terres. La beauté du paysage était de retour et les sentiers difficiles aussi. Nous avons dû rebrousser chemin dans l'un deux car le sentier ne débouchait pas. Personne n'était passé sur ce sentier depuis longtemps, impossible de trouver vers où ça passait. Un autre sentier nous a mené sur un passage ou le sentier s'était effondré dans le lit d'une petite rivière. Des roches avaient été disposé pour faciliter la montée. Après évaluation on a décidé de tenter de passer, ce que nous fîmes sans trop de difficultés. Après tout ces obstacles nous sommes redescendu vers la mer où nous avons trouvé un autre hotel vide en raison de la basse saison.

Une courte journée, surtout sur l'asphalte, mais toujours en bord de mer nous a mené à Kavala où nous avions prévu de nous reposer une journée. J'en ai profité pour visiter le château fort qui trône au-dessus de cette ville en bord de mer.

Du bord de mer, le tracé nous menait à nouveau en montagne. La plupart des sentiers étaient plutôt rocailleux, mais tout de même roulant. À un moment le tracé nous mena sur un sentier pédestre ou pour nous à moto, ce qu'on appelerait plutôt une single track. Éventuellement ce sentier devint très rocailleux et des bordures de bois nous forçait dans des passages plutôt difficiles avec nos motos chargées de bagages. On en a sué un bout, mais nous en sommes sorti, car heureusement cette partie n'était pas longue en distance. 

Quelques temps plus tard le tracé nous mena sur un sentier plutôt abandonné qui vers la fin disparraissait carrément dans un champ de vache à flanc de montagne. Le passage tout petit pour passer demandait de se faufiller entre les cailloux sur le bord d'un affaissement de terrain. On a d'abord dû attendre que se tasse les vaches, que le berger dirigea hors du sentier pour nous laisser passé. Dominic se retrouva en fâcheuse position, sa roue arrière était tombé en bas et la moto menaçait de tomber en bas de la côte. Le berger accourra et l'aida à maintenir la moto debout. J'acourru également et nous avons remonté à bras sa roue arrière pour qu'il puisse continuer. Une fois passé nous nous sommes reposé et avons discuté avec les deux bergers.

Les sentiers par la suite furent par la suite plus facile. C'est dans ces moments qu'on se permet d'ouvrir un peu plus les gazs. C'est aussi dans ces moments qu'on peut aussi se faire surprendre. Dominic était en avant et dans un tournant il glissa sur un rocher avec de la mousse dessus et de l'herbe mouillée autour. J'arrivais en arrière et je l'ai apperçu au sol gesticulant pour que je le vois. Sage manoeuvre car dans un tournant, caché par la végétation et pris sous sa moto, j'aurais pu ne pas le voir à temps. Il était, comme j'ai dit, sous  la moto. La moto lui avait écrasé la cheville. Malgré la protectkon offerte par ses bottes il avait très mal, le choc avait dû être violent. J'ai relevé sa moto et nous avons retiré sa botte. Heureusement il n'y avait aucun signe de blessure grave. Dominic a bandé sa cheville et nous sommes reparti vers le prochain village, à quelques vingt kilomètres.

Rendu au village nous avons trouvé un restaurant et Dominic a demandé de la glace. Il fallait faire attention, car après un accident de moto il est difficile d'évaluer une blessure car l'adrénaline brouille les sensations physique. C'est souvent le surlendemain ou quelques heures plus tard qu'on ressent la vraie douleur.

Du restaurant nous avons pris un détour par la route pavée pour trouver notre hotel. Encore une fois Dominic a demandé de la glace.

Le lendemain Dominic ne pouvait mettre de poid sur sa cheville. Nous avons évalué nos options et décidé de poursuivre en se disant que nous allions éviter les sentiers difficiles. Nous avions peu de chemin à faire avant de gagner la Bulgarie. Le peu de sentier de cette journée là furent heureusement facile, malgré que quelques sections demandaient tout de même de manoeuvrer des obstacles. Dominic s'en tirait mieux que j'avais anticipé. La capacité de cet homme de composer avec les blessures et la douleur m'étonnera toujours.

Les villages que nous avons passé cette journée-là nous donnait vraiment l'impression d'être en Turquie. Chaque village avait sa mosquée et toutes les femmes étaient vêtues de noire avec un hijab.

Nous avons traversé notre dernière frontière du voyage. Le poste frontalier tout petit était peuplé de douaniers fort sympathiques. J'ai discuté un brin avec tout le monde, pendant que procédaient les formalités douanières.

Nous avons parcouru une courte distance avant de s'arrêter à la charmante petite ville de Zlatograde. Coup de foudre instantannée; c'est jolie, pitoresque et propre. Un mélange d'architecture traditionelle et d'architecture soviétique confère un charme exotique certain à l'endroit. Nous avons déniché un petit hotek avec des hôtes charmant à deux pas de la vieille ville. Je dis hotel, mais il s'agit plutôt d'une petite maison de trois chambres que nous avons à nous seul. Nous avons décidé d'y prendre une journée de repis.

Bonne nouvelle la cheville de Dominic semble guérir vite. Il est déjà capable de mettre du poid dessus. Ça fait deux fois qu'il se blesse à la cheville et qu'il guérit en temps record. Je vais commencer à le surnommer Gumbi. Demain nous allons évaluer si on reprend la TET. Il nous resterait 4-5 jours de moto avant d'atteindre notre lieu de dépôt pour les motos. La météo annonce un soleil radieu toute la semaine. Heureusement car il commence à faire froid.






























mardi 8 octobre 2019

Grèce partie 1

Après deux jours de congé sur l'île de Corfou il nous fallait reprendre la route. En plus de se reposer, le passage à Corfou servait aussi à changer nos pneus arrières. Malheureusement nous n'avons pu trouver et c'est grâce à l'aide de notre hôte à Corfou que nous avons pu trouver. Le sympathique monsieur a dû passer plusieurs appels avant de trouver, à Ioannina, un petit détour.

Notre départ s'effectua sous un soleil radieu et nous avons reconnecté à la TET après quelques vingt à trente kilomètres de routes secondaires. Dès le départ nous nous sommes retrouvé sur des sentiers très rocailleux, pas reposant du tout. On dirait bien qu'il n'y aura pas vraiment de répit en Grèce non plus. Les sentiers cette journée là furent souvent bien techniques, mais entrecoupé de sections de routes pavés, souvent délabrées. Les infrastructures routières de la Grèce sont à peine meilleur qu'un pays du tiers-monde, en dehors des grandes autoroutes financées par l'union Européenne.

Nous avons profité de notre arrêt à Ioannina pour se procurer des plaquettes de freins, en plus de nos pneus. Nous avons trouvé sans trop difficulté les plaquettes chez un distributeur de pièces pas trop loin du magasin de pneu.

Tel que promis, les deux Dunlop D606 que nous avions commandé nous attendaient au magasin de pneu. Ils nous les installaient gratuitement mais il fallait qu'on enlève nos roues nous-mêmes, ce qui faisait bien notre affaire car ça nous permettait d'installer nos nouvelles plaquettes de freins.

Avec toute cette besogne, il était près de 14h lorsque nous reprîmes la route. Notre premier objectif était de rejoindre la TET.

En chemin Dominic perda l'usage de son frein arrière. Je l'ai trouvé agenouillé devant sa moto, découragé. Il avait eu quelques problèmes à l'installation de ses plaquettes et il semblait que son système hydraulique fuyait. Nous n'avions d'autres choix que de retourner à Ioannina au concessionaire Yamaha (qu'une courte recherche sur mon smartphone me permit de trouver). J'ai reprogrammé mon GPS et nous sommes reparti vers Ioannina.

Quelques kilomètres plus loin, Dominic s'est arrêté de nouveau. Son frein arrière marchait à nouveau. La théorie est que les nouvelles plaquettes plus épaisses augmentait la pression dans le système. Dominic à purgé sa ligne de frein et nous sommes re-reparti vers la TET.

Nous avons traversé un premier mur de montagne et une vallée pour remonter à nouveau dans les montagnes pour retrouver la TET. Il était près de 16h lorsque nous avons atteint le premier village susceptible d'avoir un hotel. On a trouvé un hotel magnifique, dans une maison de pierre, plein de boiserie. C'était un plus cher (60 euros) que notre budget habituel (50 euros max), mais après un hotel moyen la veille et les commotions de la journée on se considérait méritant. Nous avons soupé sur la terrasse, un vrai festin.

Dés notre sortie du village, le lendemain, le tracé nous a mené vers une montagne majestueuse. Mon GPS m'indiquait que nous allions au sommet, un col nous menant de l'autre côté. Il était difficile de croire qu'un sentier puisse nous mener à travers une telle forteresse de roc.

Les sentier, vous l'aurez deviné, rocailleux à souhait, serpentait vers le sommet. Le paysage était grandiose, le ciel parfaitement bleue, une journée parfaite sur la TET. Nous avons atteint le col, proche du sommet de cette montagne qui semblait infranchissable vu d'en bas. De l'autre côté s'ouvrait un nouveau paysage, des montagnes à perte de vue.

Nous avons amorcé notre descente. Certains passages à pic et plutôt accidenté me donnait la frousse, me rendant un peu trop crispé pour rouler avec confiance. Disons qu'à tant de lieu de la maison, je me sens moins téméraire. La descente se fit tout de même bien, quoiqu'un peu plus lentement.

Le reste du tracé nous mena à travers un mélange de routes pavés, de gravelles et d'autres sentier. Il faut dire que nous croisons peu de village, et ceux que nous croisons sont à peine habité et nous ne croisons pratiquement personne sur les routes.

Après le dîner nous avons manoeuvré un sentier à flanc de montagne. Comme il arrive souvent, nous avions sur un côté un précipice . Des regards lancé sur ce côté nous donnait de magnifiques vues plongeantes vers le vide, pas vraiment rassurant. J'étais en avant et à un moment je ne voyais plus Dominic dans mes mirroirs. J'ai attendu, peut-être avait-il ralenti un peu. Après un certain moment l'inquiétude me gagna; normalement quand on attend aussi longtemps c'est parce que l'autre est tombé et sur cette route ça pourrait être désastreux. J'ai amorcé le retour vers l'arrière. J'ai trouvé Dominic et sa moto debout, soulagement. Ceci dit, il me raconta que son devant avait décroché et qu'il avait glissé. Sa moto s'est retrouvée sur le bord du précipice. Bref, le scénario catastrophe redouté s'était presque produit.

Vers le milieu de l'après-midi nous avons quitté le tracé pour trouver une station-service. Cette région de la Grèce étant peu habitée, les sations-service se font rare et celle que nous trouvons sont souvent abandonnées. Ce qui fût le cas pour cette fois-ci également. Nous avons donc dû nous éloigner davantage du tracé vers la civilisation pour finalement trouver une station-service. Rendu sur place je reconnus les signes d'épuisement de Dominic. Son dérapage, mais surtout d'avoir relevé seul la moto, l'avait épuisé. Nous nous sommes arrêté dans un café et Dominic est allé faire une sieste couché dans l'herbe. Nous avons ensuite trouvé un hotel, il était l'heure de s'arrêter.

Après une autre nuit, dans autre hotel (ils commencent à s'accumuler) nous avons reconnecté avec la TET après une vingtaine de kilomètres de routes asphaltées, toujours aussi mal entretenue. Les sentiers se sont succédés à travers les montagnes. Vers midi nous avons atteint un village au moment où ma lecture du ciel me laissait présager que la pluie approchait. Nous nous sommes arrêté au café du village pour manger et attendre que passe ce qui s'est avéré être un orage.

Les cieux se calmèrent ou nous reprîmes la route. Très vite nous avons retrouvé les sentiers. Nous sommes monté dans un montagne et avons bifurqué sur sentier plus étroit pour descendre. Plus nous progressions plus les herbes hautes jonchaient le sentier, signe que personne ne passe ici. À la fin de la descente je compris pourquoi: un large éboulement de roche recouvrait la route qui continuait de l autre côté au flanc d'une nouvelle montagne.

Nous avons étudié la chose et déduit que ça passait ou du moins que ça valait la peine d'essayer. Le seul problème c'est qu'une fois passé, qu'est-ce qui nous dit que ça ne sera pas bloqué plus loin?

Sans trop de misère nous avons chacun passé nos motos à travers l'obstacle. Le chemin s'améliora grandement par la suite et nous avons accumulé quelques dizaines de kilomètres de sentiers avant d'atteindre un village ayant un hébergement pour nous.
Avant de s'arrêter nous avons continué un peu vers l'endroit ou ma carte m'indiquait qu'il y avait une station-service. Encore une fois, il n'y avait plus de station-service. Je me suis informé auprès d'un habitant et il nous fallait revenir en arrière sur une quinzaine de kilomètres pour en trouver; ça ira à demain.
Cette nuit là nous avons été réveillé à quelques reprises par le tonnerre, un orage violent sévissait au milieu de la nuit. Le ciel du lendemain laissait présager qu'un autre orage se préparait. Nous avons déjeuné et regardé passé l'orage pendant près de deux heures. Nous sommes parti en fin d'après-midi sous un ciel  beaucoup plus clément, on pouvait même voir la promesse d'une belle journée à l'horizon.

Nous sommes revenu sur nos pas par la route pavé pour trouver la station d'essence. Nous avons fait le plein et nous avons repris une partie du tracé fait la veille pour continuer notre route qui nous menait, cette journé là, vers la côte. 

Des sentiers plutôt roulant nous on mené vers un grand lac d'un bleu pâle magnifique entouré de montagnes. Le ciel était dégagé et le soleil faisait briller l'eau. Nous avons retrouvé le bitume et un peu plus loin un petit restaurant sur le bord de l'eau. Nous nous installé sous les vignes et on a mangé notre salade Grec de la journée (on en mange une à deux par jour).

Nous sommes reparti vers des montagnes qui commençaient à être moins hautes. Les sentiers devenaient un peu plus mou, nos D606 (nos pneus) pouvait enfin mordre la terre. Nous avons eu beaucoup de plaisir sur ces sentiers.

Comme toujours, les sentiers étaient entrecoupé de sections asphaltées. Nous avions comme toujours l'impression de rouler à travers des lieus abandonnés. L'impression était peut-être encore plus forte du fait que nous avons roulé sur ce qui semblait être une autoroute, mais sans aucun signe d'entretien. Des roches, des feuilles jonchaient la route, aucun signe de vie nulle part. On se serait cru dans un décor post-apocalyptique, à la Walking Dead. La crise a vidé cette région, c'est ce que m'ont expliqué les locaux.

Vers le milieu de l'après-midi nous sommes embarqué sur ce qui devait être notre dernier sentier avant notre arrêt pour la journé. Comme toujours, lorsque nous entrons dans un sentier nous ne savons jamais à quoi nous attendre. Celui s'est avéré être une finale bien épuisante. Aprés une dizaines de kilomètres à flanc de montagne, à contourner les éboulements sur un sentier rocailleux, nous avons atteint un lit de rivière asséchée qui tombait en chute. On ne pouvait trouver où continuait le sentier. Nous avons fini par trouver; il fallait aller vers la chute et au dernier moment le sentier poursuivait par la gauche. Il y avait même une petite descente de cailloux disposé en pente, signe de passage d'un autre humain à deux roues, probablement dans un passé pas si lointain. Nous sommes passé, comme toujours, non sans avoir ajouté une autre couche de sueur à nos habits de moto. Quelques kilomètres de sentiers difficiles nous ont mené à nouveau sur l'asphalte et nous sommes arrivé à Amphilioche où se trouvait notre hotel. Nous avons fait, encore une fois notre arrivée dans un hotel, nos motos couvertes de boues et nous vétus de nos habits sales et puants. Ça devient gênant.

La journée du lendemain fût plus clémente. Une cinquantaine de kilomètres d'asphaltes nous mena à travers de nouvelles montagnes desquels nous sommes sorti par un sentier rocailleux à travers une végétation unique en son genre. Ce sentier nous mena à la mer. La TET nous mena jusque sur la plage et nous y avons roulé sur quelques kilomètres. Nous avons ensuite roulé sur des routes pavés en bordure de mer pour la presque totalité du reste du chemin cette journée-là, à l'exception d'une section de sentiers rocailleux qui longeait la clôture d'un port maritime, vide et sans activité.

En après-midi Dominic a été happé d'un solide coup de fatigue et nous nous sommes arrêté en bordure de route dans ce qui semblait être un verger d'agrumes. Pendant que Dominic dormait, j'écrivais ce blogue.

Nous avons atteint une ville en fin d'après-midi et avons mis le cap sur le seul hotel de la ville selon mon GPS. À notre arrivée à l'hotel nous avons vu tout plein d'Africains, facile à reconnaître par l'habillement de certains. Mon premier réflexe fût de me dire qu'il devait s'agir là de migrants. Je me suis dirigé à l'intérieur et la personne à la réception m'a confirmé que l'hotel était plein, qu'il était reservé pour l'hébergement de réfugié. Il m'a donné une autre adresse et nous y avons trouvé notre chambre, une de plus sur la liste des pires du voyage.

Pour se consoler nous avons trouvé un excellent restaurant dans le jolie centre de la ville. Ça faisait du bien de retrouver un peu de beauté en Grèce. Ces derniers jours, à travers cette Grèce profonde du nord nous avions surtout vu le côté moins jolie de la Grèce: des déchets éparpillés dans le décor, dans les rivières, des endroits qui semblent abandonnés, des infrastructures routières et du mobilier urbain à l'abandon, non-entretenu, négligé, des chiens errants, bref, tous les signes d'un pays du tiers-monde.
À notre souper, j'ai discuté un peu avec notre serveur et je lui ai demandé comment était la cohabitation avec les migrants. Il m'a expliqué que ça allait tout de même bien jusqu'à il y a quelques semaines alors que de violentes batailles entre différents groupes de migrant ont dégénéré en émeute. Une centaine de policier ont dû être envoyé pour rétablir l'ordre. Cet incident surtout, mais aussi d'autres plus petits, commençait à effriter la fragile tolérance de cette paisible petite ville pour cette nouvelle réalité.

De cette ville en bord de mer, nous sommes reparti vers les montagnes le lendemain. C'est généralement où se trouvent les sentiers. Nous avons roulé en forêt, suf des sentiers vraiment amusant. Il faisait beau, on avait beaucoup de plaisir. Une section qui descendait vers une vallée était particulièrement difficile, la pluie ayant creusé de profonds cratères autour desquels nous devions manoeuvrer. 

Heureusement ça ne dura pas trop longtemps, car nous avançions plutôt lentement. Pour la suite nous avons roulé à flanc de montagne jusqu'à ce que nous puissions revoir la mer et lr magnifique pont de la ville de Patras, une des plus grandes ville en Grèce. Incroyable de pouvoir se rapprocher si proche d'une grande ville sur des sentiers de terre et de roche.
Nous sommes à Patras depuis deux jours pour un repos bien mérité, mais aussi pour s'occuper de nos motos un peu. Nous sommes dans un bel hotel en bord de mer avec une vue imprenable.

Nous avons pris un peu de retard sur notre horaire planifié. Pour toutes sortes de raison mais surtout en raison du fait que la Trans Euro Trail n'est pas facile du tout. On sait jamais à quoi s'attendre et le niveau de difficulté est plus élevé que ce que j'avais anticipé. De ce fait notre avancé quotidienne est plus modeste que prévu et nous allons sûrement devoir retirer la Turquie de nos plans. Heureusement elle ne va nulle part cette Turquie et nous pourrons la visiter à un autre moment. Ceci dit, même en retirant la Turquie des plans il nous reste beaucoup de chemin à faire et le temps commence à compter. Nos aventures sont loin d'être terminé. Heureusement que nous prenons aussi le temps de se reposer.